À travers les siècles
Forteresse médiévale construite du XIIe au XVe siècles, le Château de Combourg évoque une histoire de la Bretagne du moyen-âge à nos jours. Elle sera marquée de faits réels et de légendes, mais surtout par un nom : Chateaubriand. François-René, son plus illustre représentant, l’immortalisera dans ses Mémoires d’outre-tombe. Tour à tour forteresse protectrice, berceau du romantisme, hôpital militaire… Le château aux multiples vies, aujourd’hui encore habité par les descendants du célèbre auteur, livre tous ses récits.
Les origines
Tout commence au début du XIe siècle. Les terres de Dol, souvent opposées au duché de Normandie, doivent être protégées. L’évêque, Guinguené, fait alors construire un donjon à Combourg pour son frère Rivallon. Il sera le premier seigneur de Combourg, « porte-étendard de Saint-Samson », ainsi que sont nommés les défenseurs de Dol.
Le donjon reconstruit aux XIIe et XIIIe siècles deviendra la Tour du Maure. Il sera relié au XIVe siècle à la Tour de l’Est et à la Tour du Chat. Au XVe siècle, la Tour du Croisé et la façade Nord achèvent la construction du château. Combourg formera, avec Vitré et Fougère entre autres « les Marches de Bretagne » et résistera aux assauts du moyen-âge, défendant les frontières de la Bretagne indépendante. Pendant la Guerre de Cent ans les seigneurs de Combourg s’engagent dans les luttes de successions du duché de Bretagne qui opposent le roi de France au roi d’Angleterre. Les mariages successifs d’Anne de Bretagne avec les rois Charles VIII et Louis XII finissent par rattacher en 1532 le Duché de Bretagne au royaume de France.
René-Auguste de Chateaubriand rachète le domaine
En 1734, René-Auguste de Chateaubriand, cadet d’une illustre famille plus riche d’honneurs que de biens, décide de tout faire pour redorer son blason : il s’engage dans la marine, devient armateur et fait fortune pendant la guerre de sept ans avec les armements corsaires de la “Course”. Les profits des navires “la Villegenie” et “L’Amaranthe” lui permettent en 1761, de racheter le château à son oncle, le duc de Duras. Le fief féodal, avec ses droits, ses vassaux et coutumes restaure le lustre de la famille. Après avoir entrepris quelques aménagements à l’intérieur du château le nouveau Comte de Combourg fait venir en 1777 de Saint-Malo sa femme et ses cinq enfants. François-René est alors âgé de huit ans. Son arrivée à Combourg fera l’objet d’un des passages les plus célèbres des « Mémoires d’outre-tombe ».
La révolution
La Révolution Française va marquer en 1789 une étape décisive dans l’histoire de la Bretagne. Avant Paris, la revolution éclate à Rennes le 27 janvier 1789. A la mort de René-Auguste de Chateaubriand en 1786 le Château de Combourg a pour seigneur Jean-Baptiste de Chateaubriand, frère ainé de l’auteur. Magistrat au parlement de Paris il s’engage dans l’armée contre-Révolutionnaire. Le château de Combourg pendant cette période est pillé, saccagé puis confisqué.
Sous la Terreur, Jean-Baptiste de Chateaubriand est arrêté et guillotiné avec sa femme, Aline de Rosambo, ses beaux- parents et le grand-père de sa femme, le célèbre Malesherbes, défenseur de Louis XVI, le 22 avril 1794. François-René, frère cadet et futur écrivain, revenu d’Amérique pour combattre la Révolution s’engage dans le régiment de Navarre et rejoint l’armée des Princes à Namur. Blessé au siège de Thionville il est envoyé se soigner chez son oncle de Bedée à Jersey d’ou il partira pour l’Angleterre vivre l’immigration jusqu’en 1800.
Le Château de Combourg est restitué en 1796, totalement inhabitable. Il demeurera ainsi durant quatre-vingts ans : l’héritier, fils de Jean-Baptiste et neveu de François-René, est alors âgé de 7 ans. Élevé à Verneuil par son tuteur et oncle Christian, Comte de Tocqueville, Louis-Geoffroy de Chateaubriand reviendra à Combourg à plusieurs reprises sans jamais y habiter. Il mettra à disposition des enfants du village la salle des gardes, pour que tous reçoivent une éducation. Il ira jusqu’à en financer une partie, signant ainsi le début du premier collège de Combourg. Cela durera deux ans, pendant lesquels le collège Saint Guildin est construit.
Dès la deuxième moitié du 19e siècle le Château de Combourg rendu célèbre par François René de Chateaubriand dans ses Mémoires d’Outre Tombe devient un lieu de pèlerinage littéraire. Gustave Flaubert et Maxime du Camp nous laissent dans leur récit « Par les champs et les Grèves » une description aussi juste que mélancolique du château. Maurice Barrés y verra « l’épreuve de pierre d’un chef d’œuvre verbal ».
La restauration Néo-Gothique
En 1875, Geoffroy, petit-fils de Jean-Baptiste, revient au château et le fait restaurer afin de transformer la forteresse médiévale en lieu de vie pour une famille du XIXe siècle. Le parc sera alors dessiné à l’anglaise par Denis et Eugène Bühler. Ils s’inspirent des Mémoires d’outre-tombe et recréent la Cour Verte, le grand et le petit mail, les allées de chênes, de tilleuls et de marronniers. La forteresse est réaménagée dans l’esprit néo-gothique contemporain par Ernest Trilhe, influencé par le style d’Eugène Viollet-le-Duc. La salle des Gardes est divisé en deux parties et fait place à un salon et une salle à manger. La cour intérieure est diminué afin de créer un grand escalier central et un étage pour joindre le logis nord au logis sud. Influencé par Viollet- le -Duc le décor des murs raconte dés l’entrée du vestibule “à voutes ogives” l’histoire glorieuse des Chateaubriand.
Aujourd'hui
Classé monument historique, le château est toujours habité par les descendants de Jean-Baptiste de Chateaubriand, frère ainé de l’auteur.
Le Parc
Les bois de Combourg sont dessinés en Parc à l’anglaise par les frères Bühler lors de la restauration entreprise au XIXe siècle.
Denis et Eugène Bühler s’inspirent des descriptions de François-René de Chateaubriand dans ses Mémoires d’outre-tombe. L’esprit du célèbre écrivain habite toujours les lieux. Et l’on peut encore aujourd’hui passer devant la croix de Lucile et s’imprégner de cette atmosphère qui lui fit dire, alors que François-René évoquait sa solitude :« tu devrais peindre tout cela ».
Voir ce faux cyprès, âgé aujourd’hui de près de 250 ans, qui porte depuis 2012 le bien-nommé label d’ « Arbre Remarquable ». S’asseoir sur le perron et poser le même regard que François-René sur la Cour Verte, les allées de marronniers et de tilleuls. Circuler entre la Rose Chateaubriand baptisée en 2010 lors des Floréales Médiévales et la Rose Sweet delight qui reçut le prix du meilleur parfum en 2013 à Bagatelle et fut plantée et baptisée lors des Floréales Médiévales de 2014.