2025 Exposition de Photographies
(dans le salon de thé de l’accueil)
“Médiévalisme”
Une fois n'est pas coutume, habituellement spécialisé dans le monde de la reconstitution historique, le photographe français Julien Danielo (né en 1979) présente ici une exposition réunissant des mises en scènes sur le thème du Médiévalisme, c'est-à-dire ici, des représentations romantiques sur le Moyen Âge. Une projection dans le présent d'un Moyen Âge idéalisé au XIXème siècle et non re-constitué. L'apport de l'Histoire de l'art de ce siècle forme al trame de cette série, Romantisme et Préraphaélisme sont adaptés ici en photographie.
Sous l'impulsion d'œuvres littéraires de Victor Hugo ou Walter Scott, nombre d'œuvres médiévales sont redécouvertes au XIXème siècle comme Mélusine, Tristan et Iseult ou la légende arthurienne tirées d'un fond nommé comme la Matière de Bretagne, inspirant également la génération romantique anglaise de Tennyson ou Keats. Le collectage opéré par des auteurs comme Emile Souvestre, Théodore Hersart de la Villemarqué ou Zacharie Le Rouzic ont ravivé un imaginaire breton empreint d'êtres fabu-leux, de chevaliers et de sorcellerie. Enfin comment ne pas illustrer l'œuvre de Châteaubriand, Mémoires d'Outre-tombe et ses fantômes de Combourg.
L'exposition Médiévalisme vous propose un voyage dans notre imaginaire collectif, très attaché à cette terre de Bretagne que le château de Combourg vous propose de visiter.
1886 – Médiévalisme
En 1786, à la mort de René Auguste de Chateaubriand, le château entame un état d’abandon que la Révolution va largement aggraver. Combourg devient une ruine romantique jusqu’à ce que Geoffroy de Châteaubriand entreprenne une restauration dans le style Troubadour entre 1866 et 1878. La fascination pour le Moyen Âge constitue une part indissociable du romantisme du XIXe siècle qui va l’exploiter de manière fantasmée ou rêvée en architecture mais aussi en peinture et en littérature. Imaginons alors la famille de Châteaubriand en 1886, Geoffroy, Françoise Marie-Antoinette et leur fille Sybille, accompagnés d’amis, réunis pour une séance de lecture, un soir d’hiver. Que lisent-ils ? Probablement une des œuvres citées dans cette exposition.
Site : Château de Combourg
Figurants : Passion Costumes
Les fantômes de Combourg
François-René de Châteaubriand achève de réaliser ses Mémoires d’outre-tombe en 1841, il y relate notamment sa jeunesse passée au château de Combourg, entre Saint-Malo et Rennes en compagnie de sa sœur Lucile. Le château, une forteresse médiévale austère et impressionnante, est racheté par son père. L’ambiance, propice à la mélancolie et l’imagination, sera décisive pour sa carrière d’écrivain romantique. L'imaginaire enfantin de Lucile et François-René leur fait percevoir le château de Combourg comme un lieu inquiétant, lieu de tous les fantasmes et de toutes les craintes. « Les gens étaient persuadés qu’un certain comte de Combourg, à jambe de bois, mort depuis trois siècles, apparaissait à certaines époques, et qu’on l’avait rencontré dans le grand escalier de la tourelle ; sa jambe de bois se promenait aussi quelquefois seule avec un chat noir ». Les deux fantômes hanteraient l’escalier de la tour. La jambe de bois appartiendrait à un ancien seigneur du château qui l'aurait perdue lors de la bataille de Malpaquet en 1709 sous Louis XIV.
Site : chambre de Chateaubriand – Château de Combourg
Figurants : Sébastien Le Peutrec, Aelig Landais, Mewenn Charles et Loki le chat.
Excalibur
Excalibur, l’épée magique du roi Arthur dans les textes de la légende arthurienne, fait son apparition dans des textes gallois du XIe siècle. A la fin du XIIe siècle ce mythe arthurien intègre la Matière de Bretagne avec sa part de féérie. Robert de Boron y raconte pour la première fois l’épée fichée dans le rocher tandis que Malory au XVe siècle évoque la remise de l’épée magique par la dame du Lac. Excalibur a la réputation d'être incassable et de trancher toute matière. Son fourreau protège son porteur de toute blessure. Le roi Arthur, détenant les deux artéfacts, était donc invincible sur les champs de bataille. Le décor de la chapelle en ruine se prêtait à merveille pour cette vision romantique, largement inspirée des paysages de Caspar David Friedrich.
Site : ND du Burgo - Grand-Champ
Morgane
La légende arthurienne provoque un extraordinaire engouement littéraire dans la noblesse et au sein des cours d’Europe. On nomme « Matière de Bretagne » l’ensemble de ces textes. Le terme a été créé par le poète Jean Bodel vers 1200. Pour lui, toute œuvre littéraire devait se composer d’une des « trois matières essentielles » : la matière de France, celle de Rome et celle de Bretagne. La fée Morgane fait partie des personnages popularisés. Sa figure varie au long des ouvrages. Prêtresse ou reine d’Avalon, puis demi-sœur d’Arthur, élève de Merlin, haïe par la reine Guenièvre, femme trompée, elle est tout cela à la fois, mais toutes les versions des romans font d’elle celle qui veille sur le sommeil du roi qui un jour reviendra. La vie de Merlin et le Lancelot-Graal a inspiré de nombreuses autres versions romanesques.
Site : Manoir du Rustéphan – Pont-Aven (29)
Modèles : Lucie Le Guennec, Nathalie Berthau, Cédric Chavin.
27 mars 1351 - Le Combat des Trente
En 1351, dans le pays de Ploërmel, le capitaine anglais Bamborough, commet des exactions sur les civils, bafouant les codes de la chevalerie. Le commandant de Josselin, le maréchal Jean de Beaumanoir, décide d’aller réclamer aux anglais un affrontement en combat loyal. La rencontre est décidée pour le samedi 27 mars 1351, et le nombre des combattants de chaque parti fixé à trente. Dix chevaliers et vingt écuyers, tous Bretons, se joignent à Beaumanoir tandis que la troupe de Bamborough se compose de vingt Anglais, six Allemands et quatre Bretons. Le rendez-vous a été donné près d'un vieux chêne, entre Ploërmel et Josselin, dans une lande dite la lande de Mi-voie. Lourdement armés, ils luttent au corps à corps, sans pitié. Le combat s’éternise. Bamborough est mortellement blessé d’un coup de lance puis a la tête tranchée. Peu importe, le combat reprend. La chaleur est insupportable et Beaumanoir réclame à boire ! « Bois ton sang, Beaumanoir, et la journée est à nous ! » lui répond Geoffroy du Bois. Galvanisés les Bretons parviennent à pénétrer dans les rangs anglais et remportent la victoire. L’évènement fait grand bruit dans toute l’Europe. Théodore Hersart de la Villemarqué en collectera un chant pour son Barzaz Breizh.
Modèles et costumes : Storm Squad, Emmanuel Bertrand, et les Tard-Venus.
Site : Landes de Lanvaux – Grandchamp (56)
The Lady of Shalott
La mort d'Elaine d'Astolatt est un passage du Lancelot-Graal issu de la matière de Bretagne composé au début du XIIIe siècle. Cette source majeure de la légende arthurienne dont l'auteur reste inconnu a fortement inspiré l'œuvre de Malory au XVe siècle et est largement diffusé oralement mais aussi sous la forme de manuscrits dont un des plus connus et des plus anciens daté de 1220 est celui conservé à Rennes. Dans la version du début du XIIIe siècle, la Demoiselle d'Astolat meurt d'un amour non partagé pour Lancelot et suit une rivière dans un bateau jusqu'à Camelot. Une autre version du même siècle est écrite dans la nouvelle italienne La Donna di Scallota qui a servi d'inspiration pour The Lady of Shalott de Tennyson écrit en 1833. D'après la légende, une malédiction interdisait à la Dame de Shalott de regarder directement la réalité du monde extérieur ; elle était condamnée à voir le monde à travers un miroir. Son désespoir allait grandissant lorsqu'elle observait des couples amoureux enlacés au loin. Un jour, elle vit le reflet de Lancelot passer dans le miroir. Durant la tempête automnale qui se produisit alors, la Dame embarqua dans un bateau. Elle chantait sa complainte en naviguant vers Camelot et vers une mort certaine. Son corps gelé fut retrouvé par Lancelot.
Site – Domaine du château de Suscinio (56)
Figurants : Cédric Chavin et Soizic Lahonda
La Belle dame sans Merci
« La Belle Dame sans Merci » est un poème emblématique de John Keats, l’un des plus grands poètes romantiques anglais du XIXe siècle. Publié en 1819, ce poème narratif raconte l’histoire d’un chevalier qui rencontre une mystérieuse femme surnaturelle dans un paysage désolé. La dame ensorcelle le chevalier avec sa beauté et sa séduction, mais finit par le laisser seul et désespéré. Ce poème est souvent interprété comme une allégorie de la nature éphémère de l’amour et de la cruauté de la vie. Le poème est rempli d’images sombres et de descriptions évocatrices qui créent une atmosphère de mystère et de danger. Keats utilise également des motifs récurrents tels que la nature sauvage et la mort pour renforcer le sentiment de tragédie qui entoure le chevalier et sa relation avec la belle dame.
Figurants : Pierre-Denis Becart et Géraldine Gasselin
Site : Dolmen de la Loge au Loup – Trédion(56)
Tristan et Iseult cachent leur passion amoureuse
Il est difficile de fixer dans le temps l’action du récit de Tristan et Iseult mais comme pour la légende arthurienne, le contexte est celui des peuples celtiques de l’antiquité Tardive. Quant au récit il est attesté à l’époque carolingienne dans les gwerz bretonnes et s’est nourri progressivement d’apports successifs. Traduit par les trouvères dans la langue d’oïl du XIIe siècle, de nombreux écrivains vont s’en emparer et produire leur version, toutes parvenues jusqu’à nous partiellement et compilées au début du XXème siècle en une version complète. Tristan, fils d’un roi de Bretagne armoricaine, devenu orphelin est recueilli par son oncle le roi Marc’h, qu’il sert avec fidélité. Devenu chevalier, il libère la Cornouaille d’un tribut imposé par l’Irlande. En gage de paix, Iseult, la fille du roi d’Irlande est promise au roi Marc’h et Tristan est chargé de l’amener en Cornouaille. La reine d’Irlande a confié à la servante d’Iseut, Brangien, un philtre d’amour destiné au futur couple royal mais le filtre laissé sans surveillance est bu par Tristan et Iseut. L’effet est immédiat et le couple va devoir se cacher pour vivre sa passion avec la complicité de Brangien.
Modèles : Deborah Germain et Vincent Germain, Lucy Fery et Steven Philippe.
Site : La Roche-percée – Fouesnant
Mélusine ou la fée serpent
L’histoire est immortalisée en prose par Jean d’Arras avec Mélusine ou la noble histoire des Lusignan, qu’il offre à Jean de Berry en 1393. La famille de Lusignan nommera d’ailleurs du nom de la fée une des tours de son château de Fougères. Après avoir tué accidentellement son oncle et avoir fui à travers la forêt, Raymondin, neveu du comte de Poitiers, rencontre trois dames se baignant dans une fontaine. La plus belle des trois lui révèle qu'elle connaît son nom ainsi que l'accusation dont il fait l'objet. La belle dame lui promet un destin d’exception s’il l’épouse à condition de ne jamais chercher à la voir le samedi. Raymondin devient un grand seigneur bâtisseur, ayant avec Mélusine une nombreuse descendance. Un samedi, recevant son frère, ce dernier fait germer en lui le doute quant à la fidélité de sa femme. Pris de colère et arrivé face aux appartements de son épouse, Raymondin, à l’aide de son épée, perce la porte d’un trou et observe Mélusine au bain, elle a l’apparence d’un être mi-femme mi-serpent. Découverte, Mélusine se voit obligée de reprendre son apparence de dragon et elle s'envole par une fenêtre en poussant des cris déchirants.
Figurante : Mélusine de Fougères
Site : Tour Mélusine - Château de Fougères
Dahut d’Ys
“J’ai vu la blanche fille de la mer, je l’ai même entendue chanter : ses chants étaient plaintifs comme les flots.” Paru en 1845, le Barzaz Breizh de Théodore Hersart de la Villemarqué est un monument de la littérature bretonne, cet ensemble de poèmes collectés va connaître un énorme succès jusqu’aux milieux littéraires parisiens et est encore une source d’inspirations pour les artistes d’aujourd’hui. L’un des poèmes évoque la légende de la Ville d’Ys. Lors d’un festin organisé par le roi Gradlon en son palais, un étranger séduit sa fille prénommée Dahut. Le roi pris de sommeil s’en va se coucher. C’est alors que Dahut saisit une clé autour du cou du roi endormi en gage de son amour envers l’étranger. Cette clé ouvre les gigantesques portes retenant les flots de l’océan entourant la cité légendaire. La submersion est totale, Gradlon parvient à s’échapper en chevauchant Morvac’h et Dahut est condamnée à hanter pour toujours la baie de Douarnenez.
Figurante : Laura Auger
Site : Côte Sauvage de Quiberon
Les Lavandières de la nuit
Le thème des lavandières de la nuit est issu du recueil de nouvelles d'Emile Souvestre, Le Foyer breton, paru en 1844. Ces légendes ont marqué des artistes peintres comme Yan’ Dargent qui présenta en 1861 au salon un premier tableau dont Théophile Gautier fit l’éloge. L’histoire évoque le personnage de Postic, paysan breton préférant s’encanailler dans les tavernes le jour des morts plutôt que d’honorer ses défunts. Sur le chemin du retour, il croise le long d’un obscur chemin ces spectres condamnés à errer la nuit près des points d’eau. La rencontre est fatale pour Postic dont le poids des péchés devient trop écrasant. Le tableau qui est aujourd’hui présenté au musée des Beaux-arts de Quimper, n’en est que la version miniature. La mise en scène présentée ici en est largement inspirée.
Modèles : Eliane Morantin, Bérénice Thivet, Ketty Klein, Jeanne Bernier et Ninnog Herry, Denis Herry.
Site : Allée du Château de Kergroadez, Brélès (29)
La vieille femme à la Men Gurun
Les haches en pierre polie du néolithique étaient appelées "Men Gurun" (pierres de tonnerre). Elles étaient considérées comme pierres tombant du ciel avec le tonnerre. Pendant des siècles et jusque dans les années 1950, elles étaient recherchées pour préserver les maisons de la foudre, et placées sous la pierre du foyer. Quelquefois elles étaient cachées dans le sol en terre battue de la maison.
L’archéologue Zacharie Le Rouzic évoque en 1909 cette tradition emprunte de magie : à Saint-Philibert dans le Morbihan en Bretagne, une vieille femme s'en servait pour faire revenir le beurre dans le pis des vaches qui l'avaient perdu... elle était connue ! Elle vendait 50 centimes le litre d'eau qu'elle avait fait bouillir après avoir déposé dans le fond de la cocotte une hache polie. Cette eau enrichissait un lait trop maigre ou chassait le mauvais œil qui stérilisait les champs !
Figurante : Odette Guelzec
2024 Exposition de Photographies
(dans le salon de thé de l’accueil)
“Echos du Romantisme”
Photographe française, Psyché Ophiuchus (née en 1987) est inspirée par la peinture symboliste et les préraphaélites. Ses œuvres captivent par leurs atmosphères sombres et lumineuses, chargées de symboles et d'archétypes, invitant le spectateur à décoder leurs énigmes.
Psyché Ophiuchus grandit en Normandie, baignée dans le folklore d'Europe du Nord et les légendes de Guillaume le Conquérant. Son intérêt précoce pour la psychologie se mêla à une passion ardente pour les arts visuels. Tout en exerçant en tant que psychologue clinicienne, elle s'adonna à la photographie, animée par le désir ardent de donner vie à son imaginaire personnel.
Son inspiration puise principalement dans les mouvements artistiques du Symbolisme, de l'Art Nouveau et des Préraphaélites. Son œuvre explore les thèmes de l'imagination, du mystère et des rêves, en usant de symboles et d'archétypes. Elle réside aujourd'hui en Bretagne, dans la forêt légendaire de Brocéliande, aux côtés de son compagnon, le peintre Yoann Lossel. Là, elle trouve une réponse créative vigoureuse à l'identité et au folklore de cette contrée.
Rejoignez-nous pour un voyage visuel et littéraire, où chaque photographie et chaque mot évoquent l'essence profonde du Romantisme, rendant hommage à Chateaubriand et à son héritage vibrant.
Dartmoor
« Je suis attaché à mes arbres ; je leur ai adressé des élégies, des sonnets, des odes. Il n’y a pas un seul d’entre eux que je n’aie soigné de mes propres mains, que je n’aie délivré du ver attaché à sa racine, de la chenille collée à sa feuille; je les connais tous par leurs noms, comme mes enfants : c’est ma famille, je n’en ai pas d’autre, j’espère mourir auprès d’elle. »
Mémoires d'outre-tombe, tome 1
Perséphone
« Le soir, cette fleur commence à s’entr’ouvrir ; elle s’épanouit pendant la nuit; l’aurore la trouve dans tout son éclat ; vers la moitié du matin elle se fane; elle tombe à midi: elle ne vit que quelques heures, mais elle passe ces heures sous un ciel serein. Qu’importe alors la brièveté de sa vie ? »
Description de quelques sites dans les Florides, Voyage en Amérique
Grecian Reverie
« Je ne connais rien qui soit plus à la gloire des Grecs que ces paroles de Cicéron : « Souvenez- vous, Quintus, que vous commandez à des Grecs qui ont civilisé tous les peuples, en leur enseignant la douceur et l'humanité, et à qui Rome doit les lumières qu'elle possède. Lorsqu'on songe à ce que Rome était au temps de Pompée et de César, à ce que Cicéron était lio- même, on trouve dans ce peu de mots un magnifique éloge. »
Itinéraire de Paris à Jerusalem, chapitre 1
Sur les Pas de la Belle Dame
«..., d'autres fois je m'enfonçais dans les bois, je suivais un chemin abandonné, un ruisseau sans nom, un petit oiseau qui voletait avec sa compagne de buisson en buisson. Le rouge-gorge qui chantait le soir sur un toit de chaume m'attendrissait; la lumière lointaine qui brillait dans une ferme écartée me faisait faire mille projets de retraite et de bonheur; je supposais que ce que je cherchais habitait vers les distantes collines, dans le hameau dont j'apercevais le clocher champêtre. J'écoutais tous les bruits qui sortent des lieux infréquentés et prêtais l'oreille à chaque arbre ; je voulais chanter ces plaisirs, mais les paroles expiraient sur mes lèvres. »
Mémoires d'outre-tombe, tome 3, chapitre 10
Galatea
« Les plantes renaîtront demain ; le bruit et la poussière se sont dissipés à l'instant : voilà ce nouveau débris couché pour des siècles auprès de ceux qui paraissaient l'attendre. Les empires se plongent de la sorte dans l'éternité, où ils gisent silencieux. Les hommes ne ressemblent pas mal aussi à ces ruines qui viennent tour à tour joncher la terre : la seule différence qu'il y ait entre eux, comme entre ces ruines, c'est que les uns se précipitent devant quelques spectateurs, et que les autres tombent sans témoins. »
Tivoli et la Villa Adriana, Voyage en Italie
L'Automne
« Un caractère moral s'attache aux scènes de l'automne: ces feuilles qui tombent comme nos ans, ces fleurs qui se fanent comme nos heures, ces nuages qui fuient comme nos illusions, cette lumière qui s'affaiblit comme notre intelligence, ce soleil qui se refroidit comme nos amours, ces fleuves qui se glacent comme notre vie, ont des rapports secrets avec nos destinées. »
“Mes Joies de l'Automne”, Mémoires d'outre-tombe, tome 3, chapitre 10
Le Léthé
« Je me suis rencontré entre les deux siècles, comme au confluent de deux fleuves; j’ai plongé dans leurs eaux troublées, m’éloignant à regret du vieux rivage où j’étais né, et nageant avec espérance vers la rive inconnue où vont aborder les générations nouvelles. »
“Revue des Deux Mondes”, Mémoires d'outre-tombe, tome 1
The Vila (réalisée à Saint-Malo)
« Mais ce qu’il faut admirer en Bretagne, c’est la lune se levant sur la terre et se couchant sur la mer. . Établie par Dieu gouvernante de l’abîme, la lune a ses nuages, ses vapeurs, ses rayons, ses ombres portées comme le soleil ; mais comme lui, elle ne se retire pas solitaire ; un cortège d’étoiles l’accompagne. À mesure que sur mon rivage natal elle descend au bout du ciel, elle accroît son silence qu’elle communique à la mer ; bientôt elle tombe à l’horizon, l’intersecte, ne montre plus que la moitié de son front qui s’assoupit, s’incline et disparaît dans la molle intumescence des vagues. »
Mémoires d'outre-tombe, tome 1, chapitre 6
L'Aurore
« Quelle douce clarté vient éclairer l’Orient! Est-ce la jeune Aurore qui entrouvre au monde ses beaux yeux chargés des langueurs du sommeil? Déesse charmante, hâte-toi! Quitte la couche nuptiale, prends la robe de pourpre; qu’une ceinture moelleuse la retienne dans ses nœuds; que nulle chaussure ne presse tes pieds délicats; qu’aucun ornement ne profane tes belles mains faites pour entrouvrir les portes du jour. Mais tu te lèves déjà sur la colline ombreuse. Tes cheveux d’or tombent en boucles humides sur ton col de rose. De ta bouche s’exhale un souffle pur et parfumé. Tendre déité, toute la nature sourit à ta présence; toi seule verses des larmes, et les fleurs naissent. »
“L'Aurore” poème de Lucile, Mémoires d'outre-tombe, tome 3, chapitre 6
2023 Exposition de Gravures
(dans le salon de thé de l’accueil)
“La Bretagne : un point d’ancrage”
Thomas Godin Peintre - Graveur
« Tout chevalier errant que je sois, j'ai les gouts sédentaires d'un moine » écrivait François-René de Chateaubriand pour exprimer une dialectique matricielle de sa biographie donc de son œuvre : le gout du lointain et l’enracinement dans un territoire élevé au rang de mythe.
Depuis une dizaine d’années, l’œuvre gravée de l’artiste finistérien Thomas Godin (né en 1987) semble également incarner ce trait-d’union entre l’ici et l’ailleurs, l’intériorité d’un être polymorphe et l’extériorité d’un monde grandiose.
De l’expulsion magmatique du volcan philippin Taal à l’ornementation stylisée des masques béninois, les gravures de Thomas Godin sont autant de vestiges de son exploration émerveillée du monde. Pour autant, les paysages et la culture de la Bretagne constituent un véritable point d’ancrage, une sorte de pivot fondamental autour duquel son imaginaire prend plaisir à graviter.
Texte par Romain Azarm
(Article du Pays Malouin)
(Article de Ouest-France)